L’autre jour, au moment de déposer tranquillement mes courses sur le tapis roulant, au grand dam du papy derrière moi qui semblait agacé par ma lenteur, j’écoutais discrètement la conversation de la caissière. Cette dernière s’adressait à sa collègue derrière elle, entre deux clientes. C’est à dire moi, et la maman au bout du rouleau qui tentait de relever son marmot, en train de se rouler par terre en hurlant, car il voulait ardemment la paquet de bonbons bleus qui pétillent sur la langue. La caissière expliquait ainsi à son homologue qu’elle rêvait d’une vie fantastique, loin des packs d’eaux de moins de 8kg et de la 7ème boite gratuite de mouchoirs pour six achetées. Je me disais “ouah“, c’est vrai, moi aussi j’aimerais une vie fantastique, et c’est le cerveau en mode surchauffe que je rentrais chez moi.
Mais finalement cette quête d’une vie fantastique ne s’avéra pas si aisée, je me mis donc à imaginer une version, car il y en a beaucoup, de ce qu’elle pourrait être:
« D’ici quelques années ma vie sera on ne peut plus fantastique, prenons par exemple un mois de juin ordinaire. Ainsi, en ce lundi 2 juin, muni de mon sac à main en cuir végétal de houblon et de ma valise remplie au maximum, mais légère comme une plume grâce au plastique à défragmentation, je m’installe dans ma voiture.
Je tape légèrement des mains et mon véhicule bleu turquoise se réveille, il commence par démarrer ma playlist favorite tandis que sur l’écran digital défilent les paroles de la première chanson: « dream on » d’Aerosmith
Ensuite, comme programmé à ma demande lors de l’achat, la voix douce et mélodieuse de Loki, alias Tom H., me demande quelle sera ma destination.
J’hésite un peu, mais pas trop longtemps, ce sera San Francisco, car mon rendez vous du jour tiens place dans une des vallées vinicoles de la région. Aussitôt dit, ma voiture ordonne à la porte du garage de s’ouvrir, ce dernier s’exécute avec un léger couinement de douleur. La marche arrière s’enclenche , pendant ce temps je vérifie que j’ai bien ma carte d’identité numérique confirmant ma citoyenneté mondiale. Oui car plus de frontières, ce qui fut extrêmement dépressogène pour les accrocs au Duty Free.
Tout semble parfait, la voiture se trouve dans ma petite allée à présent. Depuis que je ne me charge plus des manoeuvres automobiles délicates mes haies de photinia semblent plus heureuses et épanouies, car moins tendues d’appréhender mes sorties intempestives en encastrant le coffre dans leurs branches délicates.
Mon automobile déploie maintenant ses ailes argentées sans un bruit, quand soudain un aboiement me fait sursauter.
Mince, Olga!
J’allais oublier mon chien!
J’appuie frénétiquement sur le bouton rouge annulation au centre du tableau de bord pailleté de mauve, et mon véhicule stoppe. Je descends, j’ouvre la porte papillon arrière qui fait place à un escalier escamotable facilitant l’accès à Olga mon corgi, un descendant d’une portée royale de feue la reine Elisabeth. Il est à noter que les caniches des nouveaux souverains sont moins glamours.
Bref, Olga s’installe non sans pousser un soupir d’agacement devant mon impardonnable oubli. Me voilà à nouveau installée dans mon engin, j’appuie sur le bouton vert en forme de triangle avec l’inscription clignotante « reprendre votre destination ». Un harnais sort de mon siège au confort incroyable et me sangle délicatement sans obstruer mes mouvements. Il en est de même pour Olga qui se retrouve harnachée dans un panier rigide au plastique thermoformé et résistant aux chocs accompagné de son jouet préféré et d’une écuelle distribuant automatiquement des friandises de manière régulière.
Enfin ma voiture se soulève tout en repliant ses roues vers l’intérieur. Nous décollons à la verticale avant de partir vers l’avant et de zigzaguer entre les nuages pour finir par survoler la pluie. Durant le trajet je m’attelle au visionnage de la trilogie du « Seigneur des anneaux » sur mon écran ultra plat Oled 8K qui vient de sortir du tableau de bord.
Régulièrement j’appuie sur le bouton pause pour admirer la vue. Nous survolons la cathédrale de Strasbourg au décollage, puis la tour Eiffel, l’Islande , la banquise du Groenland, pour redescendre en frôlant les grattes ciels de New York. Je m’autorise même un petit détour pour perdre mon regard dans l’océan vert des bayous avant d’avoir le vertige au dessus du Grand Canyon.
Voilà que la voix suave de Tom m’indique que nous allons bientôt arriver à destination, je survole l’aéroport d’arrivée et me dirige vers le secteur 65 et l’emplacement 424 réservé au préalable sur aeroparkbooking.com . La tour de contrôle confirme ma plaque d’immatriculation virtuelle, et la place qui m’est destinée s’illumine d’un rayon vert pâle à mon approche pour me guider. Ma voiture se met délicatement en position stationnaire avant d’entamer sa descente verticale et de s’arrêter complètement .
A peine sorti de mon véhicule, un petit taxi autonome tout blanc m’attendais déjà derrière le coffre. Le temps de m’occuper d’Olga, un robot tout aussi blanc mais avec des reflets légèrement nacré, avait déjà chargé mes bagages dans le taxi. Le voilà maintenant qui m’arrache Olga des bras pour la sangler sur le siège immaculé du même taxi. Je restais bouche bée marquant ainsi ma surprise devant la promptitude du robot, mais pas autant qu’Olga qui demeurait figée les yeux écarquillés de stupeur.
Je m’installe à mon tour sur la banquette et l’engin démarre en trombe, durant tout le trajet mes cheveux se retrouvent indépendant de mon crâne et mes lunettes s’incrustent insidieusement autour de mes orbites. La vitesse incroyable de ces taxis permet néanmoins d’effectuer un trajet jusqu’à la vallée vinicole en vingt minutes.
Ça y est, le voyant destination atteinte vient de s’éclairer, et le taxi stoppe tout en douceur permettant à mes organes de reprendre leur place. Cette sensation me remet en mémoire les ascenseurs que j’empruntais dans l’immense hôpital où je venais rendre visite à mon grand père, mon estomac ne descendant jamais à la même vitesse que mon corps.
Sur place, mon hôte m’accueillait avec le sourire tout en m’ouvrant galamment la porte. Olga parti courir dans l’orangeraie voisine, tandis que mon hôte m’invita à prendre place autour d’une table en fer forgé. J’admirais sa belle propriété qui surplombait une petite colline aux vignes qui dessinaient des lignes élégantes.
Un verre de rosé m’attendait accompagné d’un assortiment d’amuses bouche traditionnels. Nous étions prêt à converser autour de mon projet de partenariat concernant un vin blanc biologique Alsacien. Vous aurez compris qu’il ya des choses qui ne changent jamais comme la convivialité autour d’un bon verre. »
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